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SCÈNE IX.

que les cours et les cités ne soient plus — que grimaçante adulation. — Si l’acier s’amollit comme la soie du parasite, que celle-ci devienne notre cuirasse de guerre ! — Assez, vous dis-je ! Parce que je n’ai pas lavé — mon nez qui saignait, parce que j’ai terrassé quelque débile pauvret, — ce qu’ont fait obscurément beaucoup d’entre vous, — vous m’exaltez de vos acclamations hyperboliques, — comme si mon faible mérite voulait être mis au régime — des louanges frelatées par le mensonge !

cominius.

C’est trop de modestie ; — vraiment vous êtes plus cruel pour votre gloire que reconnaissant — envers nous qui vous glorifions sincèrement. Résignez-vous : — si vous vous emportez contre vous-même, nous vous traiterons — comme un furieux qui médite sa propre destruction, et nous vous garrotterons, — pour pouvoir en sûreté raisonner avec vous… Qu’il soit donc connu — du monde entier, comme de nous, qu’à Caïus Marcius — appartient la palme de cette victoire ; en témoignage de quoi — je lui donne, tout harnaché, mon noble destrier — si connu dans le camp ; et désormais, — pour ce qu’il a fait devant Corioles, appelons-le, — aux applaudissements et aux acclamations de toute l’armée, — Caïus Marcius Coriolan !… — Puisse-t-il toujours porter noblement ce surnom !…

Fanfare, tambours et trompettes.
tous.

Caïus Marcius Coriolan !

coriolan.

Je vais me laver ; — et, quand mon visage sera net, vous verrez bien — si je rougis ou non. N’importe ! je vous remercie. — Je m’engage à monter votre coursier, et, en tout temps, — à soutenir aussi haut que je pourrai — le beau nom dont vous me couronnez.