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SCÈNE XI.

coriolan.

— Ménénius, toujours, toujours !

le héraut, à la foule.

— Faites place là, et avancez.

coriolan, à sa femme et à sa mère.

Votre main… et la vôtre. — Avant que j’aille abriter ma tête sous notre toit, — il faut que je fasse visite à ces bons patriciens — qui m’ont accablé de compliments — et d’honneurs !

volumnie.

J’ai assez vécu — pour voir mettre le comble à mes plus chers désirs — et à l’édifice de mes rêves. — Il n’y manque plus qu’une seule chose, et je ne doute pas — que notre Rome ne te la confère.

coriolan.

Sachez-le, ma bonne mère, — j’aime mieux les servir à ma guise — que les commander à la leur.

cominius.

En marche ! Au Capitole !

Fanfares de cornets. Le cortége sort, comme il est entré. Tous se retirent, excepté les deux tribuns.
brutus.

— Toutes les bouches parlent de lui, et toutes les vues troubles — mettent des bésicles pour le voir. La nourrice bavarde — laisse son poupon geindre dans des convulsions, — tandis qu’elle jase de lui ; la souillon de cuisine fixe — son plus beau fichu autour de son cou enfumé, — et grimpe aux murs pour l’apercevoir. Les auvents, les bornes, les fenêtres — sont encombrés, les gouttières remplies, les pignons surchargés — de figures diverses, toutes pareillement — attentives à le voir. Les flamines, qui se montrent si rarement, — fendent le flot populaire et s’essoufflent — pour conquérir une place vulgaire. Nos dames se dévoilant — abandonnent le blanc et le rose, qui