Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 9.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
SCÈNE XIV.

vous faudra vivre avec des gens qui ne sauront pas plus commander — qu’obéir.

brutus.

Ne parlez pas de complot. — Le peuple s’indigne de ce que vous l’avez bafoué, de ce que récemment, — quand le blé lui a été distribué gratis, vous avez murmuré, — et calomnié les orateurs du peuple, en les traitant — de complaisants, de flagorneurs, d’ennemis de toute noblesse.

coriolan.

— Bah ! c’était une chose déjà connue.

brutus.

Pas de tous.

coriolan.

— C’est donc vous qui la leur avez rapportée !

brutus.

Comment ! je la leur ai rapportée ?

coriolan.

— Vous êtes bien capables d’un pareil acte.

brutus.

Nous ne sommes pas incapables, — en tout cas, d’actes supérieurs aux vôtres.

coriolan.

— Pourquoi donc alors serais-je consul ? Par ces nuées là-haut, — si je puis seulement démériter autant que vous, qu’on me fasse — votre collègue au tribunat.

sicinius.

Vous affectez trop une insolence — qui agace le peuple. Si vous tenez à atteindre — le but que vous vous proposez, demandez d’un ton plus doux — le droit chemin dont vous vous écartez ; — sans quoi vous ne serez jamais élevé au consulat, — ni même attelé avec Brutus au tribunat.

ménénius.

Soyons calmes.