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SCÈNE XIV.

coriolan.

Sur un terrain loyal, — je pourrais battre quarante d’entre eux.

ménénius.

Je me chargerais à moi seul — d’étriller deux des plus braves, oui, les deux tribuns.

cominius.

— Mais maintenant les forces sont démesurément inégales ; — et la valeur devient folie, quand elle s’oppose — à un édifice croulant… Éloignez-vous, — avant le retour de cette canaille ! Sa rage s’exaspère, — comme un torrent, devant l’obstacle et déborde — les digues faites pour la contenir.

ménénius.

Je vous en prie, partez ; — je vais éprouver si mon reste d’esprit peut agir — sur des gens qui en ont si peu ; il faut raccommoder la chose — avec une étoffe de n’importe quelle couleur.

cominius.

Allons, partons.

Sortent Coriolan, Cominius et d’autres.
premier patricien.

— Cet homme a compromis sa fortune.

ménénius.

— Sa nature est trop noble pour ce monde : — il ne flatterait pas Neptune sous la menace du trident, — ni Jupiter sous le coup de la foudre. Sa bouche, c’est son cœur : — ce que forge son sein, il faut que ses lèvres le crachent ; — et, dans la colère, il oublie — jusqu’au nom de la mort.

Tumulte lointain.

— Voilà de la belle besogne !

deuxième patricien.

Je voudrais qu’ils fussent tous au lit !