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SCÈNE XVI.

coriolan.

Je ne veux rien savoir. — Qu’ils me condamnent, aux abîmes de la mort tarpéienne, — à l’exil du vagabond, à l’écorchement, aux langueurs du prisonnier — lentement affamé, je n’achèterai pas — leur merci au prix d’un mot gracieux ; — non, pour tous les dons dont ils disposent, je ne ravalerais pas ma fierté — jusqu’à leur dire : Bonjour !

sicinius.

Attendu — qu’à diverses reprises, et autant qu’il était en lui, — il a conspiré contre le peuple, cherchant les moyens — de lui arracher le pouvoir ; que tout récemment — il a usé d’une violence coupable, non-seulement — en présence de la justice auguste, mais contre les ministres — qui la rendent ; au nom du peuple, — et en vertu de nos pouvoirs, nous, tribuns, nous — le bannissons, dès cet instant, de notre cité, et lui défendons, — sous peine d’être précipité — de la roche Tarpéienne, de jamais — rentrer dans notre Rome. Au nom du peuple, — je dis qu’il en soit ainsi.

les citoyens.

Qu’il en soit ainsi, — qu’il en soit ainsi !… Qu’il s’en aille !… — il est banni !… Qu’il en soit ainsi !

cominius

— Écoutez-moi, mes maîtres, mes amis les plébéiens…

sicinius.

— Il est condamné : il n’y a plus rien à entendre.

cominius.

Laissez-moi parler : — j’ai été consul et je puis montrer — sur moi les marques des ennemis de Rome. J’ai — pour le bien de mon pays un amour plus tendre, — plus religieux, plus profond que pour ma propre existence, — pour ma femme chérie, pour le fruit de ses entrailles — et le trésor de mes flancs ; si donc je — vous dis que…

sicinius.

Nous devinons votre pensée : que direz-vous ?