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CORIOLAN.

chises, auxquelles vous teniez tant, enfouies — dans un trou de vilebrequin.

ménénius.

Par grâce, votre nouvelle !

Aux tribuns.

— Vous avez fait de la belle besogne, j’en ai peur.

À Cominius.

Par grâce, votre nouvelle !… — Si Marcius s’était joint aux Volsques…

cominius.

Si !… — Il est leur dieu : il marche à leur tête comme un être crée par quelque déité autre que la nature, — et plus habile à former l’homme : à sa suite ils s’avancent — contre notre marmaille, avec la confiance — d’enfants poursuivant des papillons d’été, — ou de bouchers tuant des mouches.

ménénius, aux tribuns.

Vous avez fait de la bonne besogne, — vous et vos gens à tablier ; vous qui étiez si engoués — de la voix des artisans et — du souffle des mangeurs d’ail !

cominius.

Il fera tomber — Rome sur vos têtes.

ménénius.

Comme Hercule — faisait tomber les fruits mûrs ! Vous avez fait de la belle besogne.

brutus, à Cominius.

— Mais cette nouvelle est-elle bien vraie, seigneur ?

cominius.

Oui, et vous serez livides — avant de la voir démentie. Toute la contrée — fait défection en souriant ; et ceux qui résistent — se font bafouer par leur vaillance inepte, — et périssent dupes de leur constance. Qui pourrait le blâmer ? — Vos ennemis et les siens reconnaissent sa valeur.

ménénius.

Nous sommes tous perdus, si — le noble vainqueur n’a pitié de nous.