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SCÈNE XXIV.

grains-là. Sa mère, sa femme, son enfant, — ce brave compagnon et moi, nous sommes le bon grain ; — vous êtes, vous, le fumier pourri, et l’on vous sent — par delà la lune ! Il faut donc que nous soyons brûlés pour vous !

sicinius.

— De grâce, soyez indulgent. Si vous nous refusez votre aide — dans une extrémité si urgente, ne — narguez pas notre détresse. Mais, assurément, si vous — vouliez plaider la cause de votre patrie, votre belle parole, — bien mieux que l’armée que nous pouvons lever à la hâte, — arrêterait notre compatriote.

ménénius.

Non, je ne m’en mêlerai pas.

sicinius.

— Je vous en prie, allez le trouver.

ménénius.

Que puis-je faire ?

brutus.

— Essayez seulement ce que votre amitié peut — pour Rome auprès de Marcius.

ménénius.

Soit ! Mais supposez que Marcius me renvoie, — comme Cominius, sans m’entendre ! Qu’en résultera-t-il ? — La désolation d’un ami, frappé au cœur — par son indifférence. Supposez cela !

sicinius.

N’importe : votre bonne volonté — vous aura valu la gratitude de Rome, mesurée — à vos généreuses intentions.

ménénius.

Je consens à le tenter… — Je crois qu’il m’écoutera. Quand je pense pourtant qu’il mordait ses lèvres — et qu’il grommelait ainsi devant le bon Cominius, cela me décourage fort… — Il aura été pris dans un mauvais