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CORIOLAN.

ménénius.

Je te dis, camarade, — que ton général est mon ami : j’ai été — le registre de ses exploits, un registre où les hommes lisaient, — un peu exagérée peut-être, son incomparable gloire. — Car j’ai toujours exalté mes amis, — dont il est le premier, avec toute la latitude que la vérité — pouvait m’accorder sans faillir. Parfois même, — tel qu’une boule sur un terrain traître, — j’ai heurté au delà du but. J’ai été jusqu’à frapper — sa louange à un coin équivoque. Ainsi, camarade, — laisse-moi passer.

premier garde.

En vérité, monsieur, eussiez-vous dit autant de mensonges pour son compte que vous avez proféré de paroles pour le vôtre, vous ne passeriez pas ; non, quand il y aurait autant de vertu à mentir qu’à vivre chastement. Ainsi, arrière !

ménénius.

Je t’en prie, camarade, songe que je m’appelle Menénius, et que j’ai toujours été partisan acharné de ton général.

deuxième garde.

Quelque fieffé menteur que vous ayez été en son honneur, comme vous venez de le reconnaître, je suis un homme, moi, qui dit la vérité sous ses ordres, et je dois vous déclarer que vous ne passerez pas. Ainsi, arrière !

ménénius.

A-t-il dîné ? peux-tu me le dire ? Car je ne voudrais lui parler qu’après son dîner.

premier garde.

Vous êtes Romain, n’est-ce pas ?

ménénius.

Je suis ce qu’est ton général.

premier garde.

Alors vous devriez haïr Rome comme il le fait. Pouvez-