Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 9.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
217
SCÈNE XXVI.

passer premièrement — (tiens-le pour assuré) sur le ventre de ta mère — qui t’a mis au monde !

virgilie.

Et sur le mien aussi, — qui vous a donné ce fils pour perpétuer votre nom — dans l’avenir.

l’enfant.

Il ne passera pas sur moi ; je — me sauverai jusqu’à ce que je sois plus grand, et alors je me battrai.

coriolan.

— Qui ne veut pas s’attendrir comme une femme — ne doit pas voir un visage d’enfant ni de femme. — J’ai trop longtemps tardé.

Il se lève.
volumnie.

Non, ne nous quittez pas ainsi. — Si, par notre requête, nous vous pressions — de sauver les Romains en détruisant — les Volsques que vous servez, vous pourriez nous condamner, — comme empoisonneuses de votre honneur… Non, ce que nous vous demandons, — c’est de réconcilier les deux peuples, en sorte que les Volsques — puissent dire : nous avons eu cette clémence ! les Romains répondre : nous avons reçu cette grâce, et tous — t’acclamant à l’envi, te crier : sois bénipour avoir conclu cette paix ! Tu sais, mon auguste fils, — que l’issue de la guerre est incertaine, mais ceci est bien certain — que, si tu es le vainqueur de Rome, tout le profit — qui t’en restera sera un nom — traqué par d’infatigables malédictions. — La chronique écrira : cet homme avait de la noblesse, — mais il l’a raturée par sa dernière action, — il a ruiné son pays, et son nom subsistera, — abhorré dans les âges futurs. Parle-moi, mon fils. — Tu affectais les sentiments les plus délicats de l’honneur, — en prétendant imiter les grâces mêmes des dieux : — fais donc comme eux, et, après avoir