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CORIOLAN.

leur de se rendre sur la place publique : c’est ici — qu’en leur présence et devant le peuple, — je prouverai ce que j’avance. Celui que j’accuse — est déjà entré dans la ville et — se propose de paraître devant le peuple, dans l’espoir — de se justifier avec des mots. Dépêchez.

L’escorte d’Aufidius s’éloigne.


Entrent trois ou quatre conjurés de la faction d’Aufidius.
aufidius.

— Soyez les bienvenus !

premier conjuré.

Comment est notre général ?

aufidius.

Eh bien, — comme un homme empoisonné par ses propres aumônes, — et tué par sa charité.

deuxième conjuré.

Très-noble sire, — si vous persistez dans le dessein pour lequel — vous avez désiré notre concours, nous vous délivrerons — de ce grand danger.

aufidius.

Je ne puis dire, monsieur ; — nous procéderons selon les dispositions du peuple.

troisième conjuré.

— Le peuple restera incertain tant qu’il — y aura rivalité entre vous ; mais, l’un des deux tombé, — le survivant hérite de toutes les sympathies.

aufidius.

Je le sais ; — et j’ai pour le frapper des arguments — plausibles. Je l’ai élevé au pouvoir, et j’ai engagé — mon honneur sur sa loyauté. Ainsi parvenu au sommet, — il a fécondé ses plants nouveaux d’une rosée de flatterie. — Il a séduit mes amis ; et, dans ce but, — il a fait fléchir sa nature connue jusque-là — pour toujours brusque, indomptable et indépendante.