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LE ROI LEAR.

a par ses hauts cris mis en émoi toute la maison. — Votre fils et votre fille ont trouvé cette infraction digne — de l’humiliation qu’elle subit ici.

le fou.

— L’hiver n’est pas encore fini, si les oies sauvages volent dans cette direction.

Les pères qui portent guenilles
Font aveugles leurs enfants ;
Mais les pères qui portent sacs
Verront tendres leurs enfants.
Fortune, cette fieffée putain,
Jamais n’ouvre sa porte au pauvre.

Bah ! après tout, tu auras de tes filles plus de douleurs que tu ne pourrais compter de dollars en un an !

lear.

— Oh ! comme cette humeur morbide monte à mon cœur ! Historica passio (44) ! Arrière, envahissante mélancolie, — c’est plus bas qu’est ton élément !… Où est-elle, cette fille ?

kent.

— Avec le comte, ici dans le château.

lear.

Ne me suivez pas. — Restez ici.

Il entre dans le château.
le gentilhomme, à Kent.

— N’avez-vous pas commis d’autre offense que celle que vous venez de dire ?

kent.

Aucune. — Mais comment le roi vient-il avec un si mince cortége ?

le fou.

Si tu avais été mis aux ceps pour cette question-là, tu l’aurais bien mérité.