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SCÈNE IX.

lear.

— Moi, je vous ai tout donné.

régane.

Et il était grand temps.

lear.

— J’ai fait de vous mes gardiennes, mes déléguées, — mais en réservant pour ma suite — un nombre fixe de serviteurs. Quoi ! il faut qu’en venant chez vous — je n’en aie que vingt-cinq ! Régane, avez-vous dit cela ?

régane.

— Et je le répète, milord : pas un de plus chez moi !

lear, regardant Goneril, puis Régane.

— Ces méchantes créatures ont encore l’air bon — à côté de plus méchantes. N’être pas ce qu’il y a de pire, — c’est encore être au niveau d’un éloge.

À Goneril.

J’irai avec toi. — Les cinquante que tu accordes sont le double de ses vingt-cinq, — et ton amour vaut deux fois le sien.

goneril.

Écoutez-moi, milord. — Qu’avez-vous besoin de vingt-cinq personnes, de dix, de cinq, — pour vous suivre dans une maison où un domestique deux fois aussi nombreux — a ordre de vous servir ?

régane.

Qu’avez-vous besoin d’un seul ?

lear.

— Oh ! ne raisonnez pas le besoin. Nos plus vils mendiants — trouvent le superflu dans la plus pauvre chose. — N’accordez à la nature que ce dont la nature a besoin, — et l’homme vit au même prix que la brute. Tu es une grande dame ; — eh bien, si l’unique luxe était de se tenir chaudement, — qu’aurait besoin la nature de cette luxueuse parure — qui te tient chaud à peine ? Mais,