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SCÈNE XV.

lear.

Les petits chiens et toute la meute, — Sébile, Blanche et Favorite, aboient après moi. —

edgar.

Tom va leur jeter sa tête. Arrière, molosses !

Que ta gueule soit noire ou blanche,
Que ta dent empoisonne en mordant,
Mâtin, lévrier, métis hargneux,
Dogue, épagneul, braque ou limier,
Basset à queue courte ou torse,
Tom les fera tous gémir et hurler.
Je n’ai qu’à leur jeter ainsi ma tête
Pour que tous les chiens sautent la barrière et fuient.

Loudla ! Loudla ! allons, rendons-nous aux veillées, aux foires et aux marchés… Pauvre Tom, ton sac est vide.

lear.

Maintenant, qu’on dissèque Régane et qu’on voie ce qu’elle a du côté du cœur : y a-t-il quelque cause naturelle qui produise ces cœurs si durs ?

À Edgar.

Vous, monsieur, je vous prends pour un de mes cent gardes. Seulement je n’aime pas votre costume : vous dites qu’il est à la mode persane ; n’importe, changez-en.

kent.

Voyons, mon bon seigneur, couchez-vous là et reposez un peu.

Lear s’étend sur un lit de repos, dans un retrait, au fond de la salle.
lear.

Ne faites pas de bruit, ne faites pas de bruit. Tirez les rideaux… Ainsi, ainsi, ainsi… Nous souperons dans la matinée… Ainsi, ainsi, ainsi.

Il s’endort.
le fou.

Et moi, je me mettrai au lit à midi.