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CORIOLAN.

ménénius.

Eh bien, après ? — Ce gaillard-là veut-il pas me couper la parole ! Eh bien, après ? eh bien, après ?

deuxième citoyen.

— Si tous étaient molestés par le ventre vorace — qui est la sentine du corps…

ménénius.

Eh bien, après ?

deuxième citoyen.

— Si tous ces organes se plaignaient, — que pouvait répondre le ventre ?

ménénius.

Je vais vous le dire. — Si vous voulez m’accorder un peu de ce que vous n’avez guère, — un moment de patience, vous allez entendre la réponse du ventre.

deuxième citoyen.

— Vous mettez le temps à la dire !

ménénius.

Notez bien ceci, l’ami ! — Votre ventre, toujours fort grave, gardant son calme, — sans s’emporter comme ses accusateurs, répondit ainsi : — Il est bien vrai, mes chers conjoints, — que je reçois le premier toute la nourriture — qui vous fait vivre ; et c’est chose juste, — puisque je suis le grenier et le magasin — du corps entier. Mais, si vous vous souvenez, — je renvoie tout par les rivières du sang, — jusqu’au palais du cœur, jusqu’au trône de la raison ; — et, grâce aux conduits sinueux du corps humain, — les nerfs les plus forts et les moindres veines — reçoivent de moi ce simple nécessaire — qui les fait vivre. Et, bien que tous à la fois, — mes bons amis… C’est le ventre qui parle, remarquez bien.

deuxième citoyen.

Oui, monsieur. Parfaitement, parfaitement !