Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/153

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quiètes de leurs os, — déparent la plaine matinale. — leurs drapeaux en loque sont pauvrement déployés, — et l’air que nous respirons les secoue en passant dédaigneusement. — Le fier Mars semble en banqueroute dans leur misérable armée — et hasarde à peine un faible regard à travers un casque rouillé. — Leurs cavaliers sont comme des candélabres fixes — dont les bras portent des torches ; et leurs pauvres rosses — attendent, la tête basse, la peau et les flancs avachis ; — la chassie suinte de leurs yeux ternes ; — et à leur bouche pâle et inerte le mors, — souillé d’herbe mâchée, pend immobile. — Leurs exécuteurs, les corbeaux malins, — planent au-dessus d’eux tous, impatients de leur heure. — Aucune description verbale ne saurait — peindre, telle qu’elle apparaît, — la vie étrange, l’animation inanimée de cette armée.

le connétable.

— Ils ont dit leurs prières, et ils attendent la mort.

le dauphin.

— Si nous leur envoyions des dîners et des équipements neufs ? — Si nous donnions de l’avoine à leurs chevaux affamés, — avant de les combattre ?

le connétable.

— Je n’attends plus que mon guidon… En avant ! — Je vais prendre la bannière d’un trompette, — et l’emprunter pour ma hâte. Allons, partons ! — Le soleil est déjà haut, et nous perdons la journée (31).

Ils sortent.

SCÈNE XIV.
[Le camp anglais.]
Entrent l’armée anglaise, Glocester, Bedford, Exeter, Salisbury et Westmoreland.
glocester.

Où est le roi ?