Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/157

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Fanfare. Entre Montjoie.


montjoie.

— Encore une fois, je viens savoir de toi, roi Harry, — si tu veux enfin traiter pour ta rançon, — avant ta ruine très-certaine ; — car assurément tu es si près de l’abîme — que tu dois forcément t’y engloutir. En outre, par miséricorde, — le connétable te demande d’inviter — tes compagnons au repentir, afin que leurs âmes — puissent se retirer paisibles et pures — de ces plaines où (infortunés !) leurs pauvres corps — doivent tomber et pourrir.

le roi henry.

Qui t’a envoyé cette fois ?

montjoie.

Le connétable de France.

le roi henry.

— Remporte, je te prie, ma première réponse. — Dis-leur de m’achever d’abord, et puis de vendre mes os. — Dieu bon ! Pourquoi narguer ainsi de pauvres hères ? — L’homme qui une fois vendit la peau du lion — quand la bête vivait encore, fut tué en le chassant. — Beaucoup d’entre nous, sans nul doute, trouveront — dans leur pays des tombes sur lesquelles — vivront, inscrits dans le bronze, leurs exploits de ce jour ; — et, pour ceux qui laisseront en France leurs os vaillants, — fussent-ils enterrés dans vos fumiers, morts comme des hommes, — ils seront à jamais fameux ; car le soleil même les saluera, — et aspirera au haut des cieux leur gloire fumante, — laissant leurs restes terrestres infecter vos climats, — et empester la France de leurs émanations. — Vous verrez alors comme rebondit notre valeur anglaise : — morte, elle touche terre comme le boulet, — rejaillit en un nouvel élan de destruction — et tue par le ricochet du trépas ! — Parlons donc avec fierté. Dis