Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
exeter.

— C’est dans cet appareil qu’il est couché, le brave soldat, — engraissant la plaine ; et à son côté sanglant, — son compagnon d’honneur et de blessures, — le noble comte de Suffolk est aussi couché. — Suffolk est mort le premier ; York, tout haché, — s’approche de son ami, enfoui sous les caillots, — le prend par la barbe, baise les plaies — qui saignaient béantes sur sa face, — et s’écrie : Attends, cher cousin Suffolk ! — mon âme accompagnera la tienne au ciel. — Chère âme, attends-moi ; envolons-nous côte à côte, — comme dans cette bataille glorieuse et acharnée — la chevalerie nous tenait unis ! — À ces mots, j’arrive et lui adresse quelques mots d’espoir ; — il me sourit, me tend la main, — et, avec une faible étreinte, me dit : Cher lord, — recommandez mes services à mon souverain. — Sur ce, il s’est retourné, a jeté autour du cou de Suffolk — son bras blessé, et l’a baisé aux lèvres ; — et ainsi, marié par la mort, il a scellé de son sang — le testament de cette noble affection. — Ce beau et doux spectacle m’a arraché — ces pleurs que j’aurais voulu retenir ; — mais, ma fermeté d’homme étant à bout, — ma mère tout entière a surgi à mes yeux — et m’a fait fondre en larmes !

le roi henry.

Je ne vous blâme pas ; — car, rien qu’en vous entendant, il me faut faire effort pour retenir — le nuage qui obscurcit mes yeux ; sinon, ils se mouilleraient aussi.

Fanfare d’alarme.


— Mais, écoutez ! quelle est cette nouvelle alarme ? — Les Français ont rallié leurs troupes dispersées ! — Eh bien, que chaque soldat tue ses prisonniers. — Communiquez cet ordre (36).

Ils sortent.