Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/181

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Vous m’avez appelé hier écuyer de montagne ; eh bien, je vais faire de vous aujourd’hui un écuyer de bas étage. Je vous en prie, mangez ; si vous pouvez rire d’un poireau, vous pouvez bien en avaler un.

Il le frappe encore.


gower.

Assez, capitaine ; vous l’avez étourdi.

fluellen.

Je veux qu’il mange de mon poireau, ou je lui pâtonnerai la capoche quatre jours durant. Mordez, je vous prie ; voilà qui est pon pour vos blessures fraîches et pour votre pravache en sang.

pistolet, prenant le poireau.

Faut-il que je morde ?

fluellen.

Oui, certainement, sans aucune espèce de doute, de discussion, ni d’ambiguïté.

pistolet, mangeant.

Par ce poireau, je me vengerai horriblement. Je mange, mais aussi je jure

fluellen, levant son bâton.

Mangez, je vous prie. Voulez-vous encore de l’aissaisonnement pour votre poireau ? Il n’y a pas de quoi jurer par ce reste de poireau.

pistolet.

Calme ton gourdin ; tu vois, je mange.

fluellen.

Grand pien vous fasse, galeux coquin ! je le souhaite de tout cœur. Çà, je vous prie, n’en jetez rien ; la peau est bonne pour les contusions d’un pravache. Quand vous aurez dorénavant la chance de voir des poireaux, je vous prie de vous en moquer ; voilà tout.

pistolet.

Bon.