Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/219

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— et comment les Anglais ont pris les faubourgs.

le fils.

— Je le sais, père, et j’ai souvent tiré sur eux ; — mais, malheureusement, j’ai manqué mon coup.

le maître canonnier.

— Mais maintenant tu ne le manqueras pas. Écoute mes instructions. — Je suis le premier maître canonnier de cette ville. — Il faut que je fasse un acte d’éclat pour me distinguer. — Les espions du prince m’ont informé — que les Anglais, solidement retranchés dans les faubourgs, — pénètrent par une grille secrète — dans la tour là-bas, pour dominer la ville, — et découvrir les points d’où ils peuvent, avec le plus d’avantage, — nous harasser de leur artillerie ou de leurs assauts. — Pour couper court à cet inconvénient, — j’ai braqué contre cette tour une pièce de canon, — et je veille incessamment depuis trois jours — pour tâcher de les voir. Maintenant, mon garçon, veille à ton tour, — car je ne puis rester plus longtemps. — Si tu aperçois quelqu’un, cours m’avertir ; — tu me trouveras chez le gouverneur.

le fils.

— Père, reposez-vous sur moi, soyez sans inquiétude, — je ne vous dérangerai pas, si je puis les apercevoir.

Le maître canonnier sort.


Entrent, par la plate-forme supérieure d’une tourelle, les lords Salisbury et Talbot, sir William Glansdale, sir Thomas Gargrave et autres.


salisbury.

— Talbot, ma vie, ma joie, te voilà revenu ! — Et comment as-tu été traité pendant ta captivité ? — Et par quels moyens as-tu été rendu à la liberté ? — Causons, je te prie, au haut de cette tourelle.

talbot.

— Le duc de Bedford avait un prisonnier, — appelé le