Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/263

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n’est pas un remède, mais plutôt un corrosif, — pour tout ce qui est incurable. — Laissez le frénétique Talbot triompher un moment, — et étaler sa queue comme un paon ; — nous lui arracherons ses plumes et nous détruirons sa pompe, — pour peu que le Dauphin et les autres veuillent se laisser diriger.

charles.

— Nous avons été guidés par toi jusqu’ici, — et nous ne doutons pas de ton habileté. — Un revers imprévu ne saurait produire la méfiance.

le bâtard.

— Cherche dans ton esprit de secrets expédients, — et nous te rendrons fameuse dans le monde.

alençon.

— Nous mettrons ta statue dans quelque saint lieu, — et nous te révérerons comme une bienheureuse sainte. — Emploie-toi donc, douce vierge, pour notre bien.

la pucelle.

— Eh bien, voici ce qu’il faut faire ; voici l’idée de Jeanne : — par de beaux arguments mêlés à de mielleuses paroles, — nous déciderons le duc de Bourgogne à quitter Talbot, et à nous suivre.

charles.

— Ah ! pardieu, ma mie, si nous réussissions à faire cela — les guerriers de Henry ne pourraient plus tenir en France. — Cette nation-là cesserait d’être aussi insolente avec nous — et serait extirpée de nos provinces.

alençon.

— Elle serait pour toujours expulsée de France, — et n’y posséderait même plus un titre de comté.

la pucelle.

— Vos seigneuries vont voir ce que je vais faire — pour amener la chose à la conclusion désirée.

Le tambour bat.