Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/264

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— Écoutez ! vous pouvez reconnaître, au son de ce tambour, — que leurs troupes marchent sur Paris.

Marche anglaise. Talbot et ses troupes traversent la scène à distance.

— Voilà Talbot qui passe, enseignes déployées, — et toute l’armée anglaise à sa suite.

Marche française. Entrent le duc de Bourgogne et ses forces.

— Maintenant, à l’arrière-garde, viennent le duc et les siens. — La fortune favorable le fait ainsi rester en arrière. — Demandons un pourparler ; nous conférerons avec lui.

On sonne en parlementaire.
charles.

— Un pourparler avec le duc de Bourgogne !

bourgogne.

— Qui réclame un pourparler avec le Bourguignon ?

la pucelle.

— Le prince Charles de France, ton compatriote.

bourgogne.

— Dis vite, Charles, car je pars d’ici.

charles.

— Parle, Pucelle, et que tes paroles l’enchantent.

la pucelle.

— Brave Bourguignon, infaillible espoir de la France ! Arrête, que ton humble servante te parle.

bourgogne.

— Parle, mais ne sois pas trop prolixe.

la pucelle.

— Regarde ton pays, regarde la fertile France, — et vois les cités et les villes défigurées — par les ruineuses dévastations d’un cruel ennemi ! — Comme une mère contemple son enfant épuisé — dont la mort ferme les yeux tendres et déjà éteints, — vois, vois l’agonie de la France.