Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/306

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vous me tramez à une mort violente, — ne tuez pas du moins mon enfant dans mon ventre.

york.

— À Dieu ne plaise !… la sainte vierge grosse !

warwick.

— Le plus grand miracle qui se soit jamais accompli ! — Voilà donc où en est venue votre stricte pruderie ?

york.

— Elle et le Dauphin ont jonglé ensemble. — Je supposais bien que ce serait là son refuge.

warwick.

— N’importe, marchez ; nous ne voulons pas laisser vivre de bâtard, — spécialement quand Charles en est le père.

la pucelle.

— Vous vous trompez ; mon enfant n’est pas de lui. — C’est Alençon qui a obtenu mon amour.

york.

— Alençon ! ce Machiavel notoire ! — L’enfant mourra, eût-il mille vies.

la pucelle.

— Oh ! permettez ; je vous ai trompé ; — ce n’est ni Charles, ni même le duc que je viens de nommer, — c’est René, le roi de Naples, qui a triomphé de moi.

warwick.

— Un homme marié ! Pour le coup, c’est intolérable !

york.

— Ah ! voilà une donzelle ! Je crois qu’elle ne sait pas au juste — qui accuser. Il y en a tant !

warwick.

— C’est signe qu’elle a été libérale et généreuse.

york.

— Et pourtant, morbleu, c’est une pure vierge !… Gourgandine, tes paroles te condamnent, toi et ton mar-