Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/346

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envahies sur les dits Anglais, et les Anglais fort se défendaient. Icelle ville était moult forte de murs et tours moult épaisses, fermée de toutes parts et ayant grands et profonds fossés… Néanmoins le dit roi d’Angleterre, en grand’diligence et labeur, persévéra toujours en son siége ; et fît faire trois mines par dessous la muraille qui étaient prêtes pour effondrer. Et avec ce fit par ses engins confondre et abattre grand’partie des portes, tours et murs d’icelle ville ; parquoi finablement les assiégés, sachant qu’ils étaient tous les jours en péril d’être pris de force, se rendirent au dit roi anglais, et se mirent à sa volonté, au cas qu’ils n’auraient secours dedans trois jours ensuivant ; et sur ce baillèrent leurs otages moyennant qu’ils auraient leurs vies sauves et seraient quittes pour payer finances.

Si envoyèrent tantôt le seigneur de Bacqueville et aucuns autres devers le roi de France et le duc d’Aquitaine qui étaient à Vernon-sur-Seine, à eux noncer leur état et nécessité, en suppliant qu’il leur voulût bailler secours dedans trois jours dessus dits, ou autrement il perdrait sa ville et ceux qui étaient dedans ; mais à bref dire il leur fut répondu que la puissance du roi n’était pas assemblée ni prête pour bailler le dit secours hâtivement. Et sur ce s’en retourna le dit seigneur de Bacqueville à Harfleur, la quelle fut mise en la main du roi d’Angleterre le jour de Saint-Maurice, à la grand’ et piteuse déplaisance de tous les habitants, et aussi des Français, car, comme dit est dessus, c’était le souverain port de toute la duché de Normandie.

Du voyage que le roi d’Angleterre entreprit à venir à Calais.

Or est vrai qu’après le traité fait et conclu entre le roi