Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
SCÈNE X.

viendront l’arracher de votre palais par la violence, — et le feront mourir dans les souffrances d’une longue torture. — Ils disent que c’est lui qui a causé la mort du bon duc Homphroy ; — ils disent qu’ils craignent de lui la mort de Votre Altesse, — et que c’est un pur instinct d’affection et de loyauté — dégagé de toute pensée de révolte et d’opposition, — comme de toute intention de contrarier vos désirs, — qui les pousse ainsi à réclamer son bannissement. — Supposons, disent-ils dans leur sollicitude pour votre très-royale personne, — que Votre Altesse, ayant l’intention de reposer, — eût défendu qu’on troublât son sommeil — sous peine de disgrâce ou sous peine de mort ; — néanmoins, nonobstant un si rigoureux édit, — si l’on voyait un serpent dardant sa langue fourchue, — se glisser silencieusement vers Votre Majesté, — il faudrait bien vous réveiller, — de peur que, ce dangereux assoupissement étant respecté, — le reptile meurtrier n’en fît le sommeil éternel. — Ils s’écrient donc qu’en dépit de votre défense, — ils vous protégeront, bon gré, mal gré, — contre de terribles serpents tels que ce traître Suffolk, — dont la morsure venimeuse et fatale a odieusement ôté la vie — à votre oncle bien-aimé qui valait vingt fois mieux que lui.

le peuple, au dedans du théâtre.

— La réponse du roi, milord de Salisbury !

suffolk, à Salisbury.

— Il est tout simple que le peuple, cette canaille brutale et mal-apprise, — envoie un pareil message à son souverain ; — vous milord, vous avez été bien aise de le porter, — pour montrer quel habile orateur vous êtes. Mais tout l’honneur qu’y a gagné Salisbury, — c’est d’être auprès du roi le seigneur ambassadeur — d’un tas de chaudronniers.

le peuple, au dedans du théâtre.

— La réponse du roi, ou nous forçons tous l’entrée.