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SCÈNE V.

en toute hâte. — Car nous avions appris que vous étiez ici, dans les Marches, — rassemblant une autre armée pour un nouveau combat.

édouard.

— Ou est le duc de Norfolk, cher Warwick ? — Et quand George est-il revenu de Bourgogne en Angleterre ?

warwick.

— Le duc est à six milles d’ici environ avec ses soldats. — Et quant à votre frère, il vient de nous être envoyé — par votre bonne tante, la duchesse de Bourgogne, — avec un renfort de soldats bien nécessaire pour cette campagne.

richard.

— La partie a dû être bien inégale, pour que le vaillant Warwick ait fui. — Je lui ai souvent entendu attribuer l’honneur d’une poursuite, — mais jamais jusqu’aujourd’hui l’humiliation d’une retraite.

warwick.

— Et ce n’est pas mon humiliation que tu apprends aujourd’hui, Richard. — Car tu verras que j’ai le bras droit assez fort — pour enlever le diadème de la tête du faible Henry — et arracher de sa main le sceptre redoutable, — fût-il aussi illustre pour sa hardiesse en guerre — qu’il est fameux pour sa douceur, sa tranquillité et sa piété.

richard.

— Je sais cela, lord Warwick ; ne me blâme pas. — C’est l’amour que je porte à ta gloire qui me fait parler — Mais dans ces temps de trouble qu’y a-t-il à faire ? — Allons-nous jeter nos cottes d’acier — et nous envelopper dans des robes de deuil, — pour psalmodier nos Ave Maria sur nos chapelets ? — Ou devons-nous avec des armes vengeresses — dire nos dévotions sur les casques de nos ennemis ? — Si vous êtes pour le dernier parti, dites oui, et en campagne, milords !