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SCÈNE IX.
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pine ne donne-t-il pas une ombre plus douce — aux bergers regardant leur innocent troupeau — que le dais richement brodé — aux rois qui toujours redoutent la trahison de leurs sujets ? — Oh ! oui, mille fois oui. — En conclusion, l’humble lait caillé du pâtre, — sa froide et légère boisson à même sa bouteille de cuir, — son sommeil coutumier sous le frais ombrage des arbres, — toutes ces choses dont il jouit dans la sécurité la plus douce — sont bien préférables aux délicatesses d’un prince, — à ces repas resplendissants de vaisselle d’or, — à ce lit somptueux où il se couche — et au chevet duquel veillent l’anxiété, la défiance et la trahison (39).


Fanfare d’alarme. Entre un Fils qui a tué son père et qui traîne son cadavre.
le fils.

— Mauvais est le vent qui ne profite à personne. — Cet homme que j’ai tué dans un combat corps à corps, — a peut-être sur lui quelques écus ; — et moi, qui ai la chance de les lui prendre en ce moment, — peut-être avant la nuit les céderai-je avec ma vie — à quelque autre, comme ce mort me les cède… — Que vois-je ! Grand Dieu ! c’est la figure de mon père, — qu’à mon insu j’ai tué dans ce conflit. — Ô temps désastreux qui enfantent de tels événements ! — Moi, j’ai été pressé à Londres par le roi ; — mon père, étant des gens du comte de Warwick, — s’est trouvé dans le parti d’York, pressé par son maître ; — et moi, qui ai reçu de lui la vie, — je la lui ai enlevée de mes propres mains. — Pardonnez-moi, mon Dieu ! je ne savais ce que je faisais ! — Et toi, mon père, pardon ! Car je ne t’ai pas reconnu ! — Mes larmes laveront ces marques sanglantes ; — taisons-nous jusqu’à ce qu’elles aient coulé à satiété.

le roi henry.

— Ô lamentable spectacle ! ô sanglante époque ! — Quand