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HENRY VI.

mais, si une humble prière peut être efficace, — j’implore mon pardon de Votre Majesté.

le roi henry.

— Pourquoi, lieutenant ? pour m’avoir bien traité ? — Ah ! sois sûr que je récompenserai largement ta sollicitude ; — car elle a fait de mon emprisonnement un plaisir, — oui, ce plaisir que les oiseaux en cage — ressentent, quand, après maintes pensées mélancoliques, — ils parviennent, dans les accords d’une intime harmonie, — à oublier tout à fait la perte de leur liberté. — Mais, après Dieu, Warwick, c’est à toi que je dois ma délivrance ; — aussi c’est à Dieu et à toi tout d’abord que j’en rends grâces : — il en a été l’auteur, toi l’instrument. — Aussi, voulant triompher des rigueurs de la fortune — par l’humilité d’une existence où la fortune ne pourra me frapper, — et voulant que le peuple de cette terre bénie — ne soit plus désormais puni de ma mauvaise étoile, — Warwick, bien que ma tête continue à porter la couronne, — je te remets ici le gouvernement, — car tu es fortuné dans tous tes actes.

warwick.

— Votre Grâce a toujours été renommée pour sa vertu, — et maintenant elle fait preuve de sagesse autant que de vertu, — en se dérobant par sa prévoyance aux coups de la fortune ; — car peu d’hommes savent se plier à leur étoile. — Laissez-moi pourtant reprocher une chose à Votre Grâce, — c’est de me choisir quand Clarence est là.

clarence.

— Non, Warwick, tu es digne du pouvoir, — toi à qui les cieux, dès ta nativité, — adjugèrent la branche d’olivier et la couronne de laurier, — gage d’un bonheur égal dans la paix et dans la guerre ; — et voilà pourquoi je te donne mon libre suffrage.