Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/321

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PROLOGUE


— Je ne viens plus vous faire rire : maintenant ce sont des choses — d’un aspect considérable et sérieux, — graves, élevées, imposantes, pleines de majesté et de tristesse, — de nobles scènes faisant couler les pleurs des yeux, — que nous vous présentons. Ici ceux qui sont capables de pitié — pourront, s’ils réfléchissent bien, laisser tomber une larme ; — le sujet le mérite. Ceux qui donnent — leur argent dans l’espoir d’un récit digne de foi, — pourront ici trouver la vérité. Quant à ceux qui viennent seulement — pour voir un tableau ou deux, et à cette condition tiennent — la pièce pour passable, s’ils sont calmes et patients, — je leur réponds qu’ils en auront largement pour leur shilling — en deux petites heures. Ceux-là seulement — qui viennent pour entendre une pièce bouffonne et grivoise, — un cliquetis de boucliers, ou pour voir un drôle — en longue cotte bigarrée galonnée de jaune, — ceux-là seront déçus : car sachez-le, gentils spectateurs, — mêler à l’histoire de notre choix l’exhibition — d’un bouffon ou d’une bataille, ce ne serait pas seulement dégrader — notre propre esprit et la réputation que nous avons acquise — et que nous tenons uniquement à justifier, — ce serait nous aliéner à jamais tout ami intelligent. — Ainsi, au nom du ciel, vous qui passez — pour le