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HENRY VIII.

la reine catherine.

Je suis bien osée — d’abuser ainsi de votre patience ; mais je suis enhardie — par la promesse de votre pardon. Le grief de vos sujets, — c’est la création de ces commissions qui exigent de chacun — la sixième partie de sa fortune, payable — sans délai ; et le prétexte à cet impôt — est votre guerre avec la France. Cela provoque les murmures ; — des milliers de bouches crachent tout respect ; le refroidissement des cœurs — y glace la fidélité ; qui avait les prières — n’a plus que les malédictions ; et le résultat, — c’est que toute obéissance passive est mise par chacun au service — de sa volonté furieuse. Je voudrais que Votre Altesse — s’occupât vite de cette affaire, car — il n’en est pas de plus urgente.

le roi henry.

Sur ma vie, ceci est contre notre bon plaisir.

wolsey.

Pour moi, — je ne me suis engagé en tout ceci que dans la mesure — d’un simple assentiment, et je ne l’ai accordé — que sur le conseil éclairé des juges. Si je suis — accusé par des ignorants qui, sans connaître — ni mes facultés, ni ma personne, prétendent pourtant — se faire les chroniqueurs de mes actes, permettez-moi de dire — que c’est là la fatalité du pouvoir, le buisson d’épines — que doit traverser la vertu. Nous ne devons pas nous abstenir — d’actes nécessaires, dans la crainte — d’être attaqués par de malveillants censeurs qui toujours, — tels que des poissons affamés, suivent un vaisseau — nouvellement équipé, sans en recueillir d’autre bénéfice — qu’une vaine envie. Souvent, ce que nous faisons de mieux, — des critiques maladifs et parfois stupides — nous le contestent ; et tout aussi souvent, ce que nous faisons de pire, — frappant un esprit grossier, est proclamé — notre meilleure œuvre. Si nous voulons rester inactifs — dans la crainte que notre moindre