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SCÈNE IX.

notre profession nous le défendent. — Nous avons mission de guérir de telles douleurs, non de les semer. — Au nom du ciel, considérez ce que vous faites ; — combien vous pouvez vous nuire à vous-même, en risquant — par cette conduite de vous aliéner complètement le roi ! — Les cœurs des princes baisent l’obéissance, — tant ils en sont épris ; mais contre les esprits résistants — ils se soulèvent et éclatent, terribles comme la tempête. — Je sais que vous avez une douce et noble nature, — une âme paisible comme un calme. Je vous prie de voir en nous — ce que nous professons être, des médiateurs, des amis, des serviteurs.

campéius.

— Madame, l’avenir vous le prouvera. Vous faites tort à vos vertus — par ces alarmes de faible femme. Un noble esprit, — comme celui qui vous anime, doit rejeter, — comme fausse monnaie, de telles défiances. Le roi vous aime ; — prenez garde de perdre son affection !… Pour nous, si vous daignez — vous confier à nous dans cette affaire, nous sommes prêts — à déployer un zèle extrême à votre service.

la reine catherine.

— Faites ce que vous voudrez, milords. Et, je vous en prie, pardonnez-moi — si je me suis comportée de façon incivile ; — vous savez, je suis une femme à qui manque l’esprit — nécessaire pour répondre convenablement à des personnes comme vous. — Veuillez offrir mes respects à Sa Majesté ; — le roi a encore mon cœur, et il aura mes prières — tant que j’aurai la vie. Allons, révérends pères, — accordez-moi vos conseils : elle mendie aujourd’hui, — celle qui ne s’attendait guère, quand elle mit le pied ici, — à payer ses grandeurs aussi cher.

Ils sortent.