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SCÈNE X.

innocent — de tout ressentiment privé dans sa chute, — la noblesse de son jury et la noirceur de sa cause peuvent l’attester. — Si j’aimais à parler, milord, je vous dirais — que vous avez aussi peu d’honnêteté que d’honneur, — et qu’en fait de loyauté et de dévouement — au roi, mon maître toujours royal, — j’ose défier un homme plus solide que Surrey — et que tous ceux qui aiment ses folies.

surrey.

Sur mon âme, — prêtre, votre longue robe vous protège ; autrement tu sentirais — mon épée dans le sang de tes veines… Milords, — pouvez-vous endurer une telle arrogance, — et de la part d’un tel compagnon ? Si nous sommes à ce point apprivoisés — de nous laisser étriller par un lambeau d’écarlate, — adieu la noblesse ! Que Son Eminence s’avance, — et nous nargue comme des alouettes, avec son chapeau rouge !

wolsey.

Tout mérite — est poison pour ton estomac.

surrey.

Oui, ce mérite — d’avoir par extorsion entassé toutes les richesses — du pays dans vos mains, cardinal ! — le mérite de vos dépêches interceptées, — de vos lettres au pape contre le roi ! Votre mérite, — puisque vous m’y provoquez, sera rendu notoire. — Milord de Norfolk, au nom de votre noble naissance, — de votre sollicitude pour le bien public, pour la grandeur — de notre noblesse insultée, pour nos enfants, — qui, s’il vit, seront à peine des gentilshommes, — produisez la liste de ses crimes, le résumé — détaillé de ses actes. Je vais vous faire tressaillir — plus vivement que ne le fit la sainte crécelle, un jour que votre brune maîtresse — reposait tendrement dans vos bras, lord cardinal.

wolsey.

— Comme il semble que je pourrais mépriser cet homme, — si je n’étais retenu par la charité !