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SCÈNE X.

wolsey.

Mais bien ; — je n’ai jamais été aussi vraiment heureux, mon bon Cromwell. — Je me connais maintenant ; et je sens au dedans de moi — une paix supérieure à toutes les dignités terrestres, — une calme et tranquille conscience. Le roi m’a guéri ; — j’en remercie humblement Sa Grâce : de dessus ces épaules, — ces piliers en ruine, il a par pitié enlevé — un fardeau qui eût coulé bas une flotte. L’excès des honneurs, — oh ! c’est une charge, Cromwell, c’est une charge — trop lourde pour un homme qui espère le ciel.

cromwell.

— Je suis charmé que Votre Grâce ait si bien pris son parti.

wolsey.

— Oui, je l’ai bien pris, j’espère. Maintenant, ce me semble, je suis capable, — grâce à la fortitude que je me sens dans l’âme, — d’endurer des misères plus nombreuses et plus grandes — que mes pusillanimes ennemis n’oseraient m’en infliger. — Quelles nouvelles au dehors ?

cromwell.

La plus pénible et la pire — est votre défaveur auprès du roi.

wolsey.

Dieu le bénisse !

cromwell.

— La seconde est que sir Thomas More est nommé — lord chancelier à votre place.

wolsey.

Cela est un peu soudain ; — mais c’est un homme instruit. Puisse-t-il garder — longtemps la faveur de Son Altesse, et rendre la justice — sous l’inspiration de la vérité et de sa conscience ! en sorte que ses os, — quand il aura parcouru sa carrière et qu’il s’endormira dans les bénédictions, — aient une tombe baignée de larmes d’orphelins ! — Quoi encore ?