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HENRY VIII.

lords et des ladies, ayant mené la reine — à une place préparée dans le chœur, s’est éloigné — d’elle à quelque distance. Là, Sa Grâce s’est assise — environ une demi heure, pour se reposer un peu, — sur un magnifique trône, où elle montrait pleinement — au peuple la beauté de sa personne. — Croyez-moi, monsieur, c’est la plus ravissante femme — qui ait jamais dormi près de l’homme. Quand le peuple — l’a eu bien vue, il s’est élevé un bruit — comme celui que font les haubans en mer par une forte tempête, — aussi violent et aussi varié. Chapeaux, manteaux, — et pourpoints, ma foi, ont volé en l’air ; si les têtes — n’avaient pas été adhérentes, elles auraient toutes été perdues aujourd’hui. Je n’ai jamais vu — pareille joie. Des femmes grosses, — n’ayant plus à attendre qu’une moitié de semaine, pareilles aux béliers — des anciennes guerres, enfonçaient la foule — et la faisaient vaciller devant elle. Nul homme vivant — n’eût pu dire : voilà ma femme, si étrangement — tous étaient enchevêtrés !

deuxième gentleman.

Mais la suite, je vous prie ?

troisième gentleman.

— Enfin Sa Grâce s’est levée, et à pas modestes — est allée à l’autel, où elle s’est agenouillée, et, comme une sainte, — levant ses beaux yeux vers le ciel, elle a prié dévotement. — Puis elle s’est relevée et a fait un salut au peuple. — Alors des mains de l’archevêque de Cantorbéry — elle a reçu tous les insignes du sacre des reines : — l’huile sainte, la couronne d’Édouard le Confesseur, — la verge et l’oiseau de paix, et autres emblèmes — ont été noblement apposés sur elle. Cela fait, le chœur, — accompagné de la plus exquise musique du royaume, — a entonné le Te Deum. Alors elle s’est retirée, — et avec le