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HENRY VIII.

nom — sera banni du royaume ! Patience, cette lettre — que je vous ai fait écrire, est-elle envoyée ?

patience, remettant la lettre à Catherine.

Non, madame.

catherine, la transmettant à Capucius.

— Monsieur, je vous prie très-humblement de remettre — ceci à monseigneur le roi.

capucids.

— Très-volontiers, madame.

catherine.

— J’y recommande à sa bonté — l’image de nos chastes amours, sa jeune fille. — Que la rosée du ciel tombe en incessantes bénédictions sur elle ! — Je le supplie de lui donner une vertueuse éducation. — Elle est jeune, et d’un naturel noble et modeste ; — j’espère qu’elle aura du mérite. Je le prie — de l’aimer un peu en mémoire de la mère qui l’aima, lui, — Dieu sait avec quelle tendresse ! Ce que ma pauvre pétition demande ensuite, — c’est que sa noble Grâce veuille avoir quelque pitié — pour mes malheureuses femmes, qui si longtemps — ont fidèlement suivi mes fortunes diverses. — Il n’en est pas une, j’ose l’affirmer — (et je ne mentirais pas à présent), qui, — pour la vertu, pour la beauté de l’âme, la vraie, — pour l’honnêteté et la décence de la conduite, — ne mérite un excellent mari, fût-ce un noble. — Et, à coup sûr, les hommes qui les auront seront heureux. — Ma dernière prière est pour mes gens ; ils sont bien pauvres, — mais la pauvreté n’a jamais pu les séparer de moi ; — je désire que leurs gages leur soient exactement payés, — avec quelque chose de plus, comme souvenir de moi. — S’il avait plu au ciel de m’accorder une vie plus longue — et des ressources suffisantes, nous ne nous serions pas quittés ainsi. — Voilà tout ce que contient la lettre. Et vous, mon cher seigneur, — au nom de ce qui vous est le plus cher au monde, — de cette paix