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SCÈNE XVII.

pas avec elle. Quand — l’oiseau merveilleux, le phénix virginal, meurt, — ses cendres engendrent un héritier — aussi admirable que lui-même ; — ainsi, quand le ciel la rappellera de cette brume de ténèbres, — elle transmettra ses dons ineffables à un successeur, — qui, des cendres sacrées de sa gloire, — s’élèvera, tel qu’un astre, à la même hauteur de renommée — et s’y fixera. La paix, l’abondance, l’amour, la vérité, la terreur, — qui étaient les serviteurs de cette enfant choisie, — seront alors les siens et s’attacheront à lui comme la vigne. — Partout où rayonnera le brillant soleil du ciel, — sa gloire et la grandeur de son nom — pénétreront et fonderont de nouvelles stations. Il fleurira, — et, comme le cèdre de la montagne, il étendra ses branches — sur toutes les plaines d’alentour. Les enfants de nos enfants — verront cela, et béniront le ciel.

le roi henry.

Tu dis des prodiges (78).

cranmer.

— Elle sera, pour le bonheur de l’Angleterre, — une princesse âgée ; bien des jours la verront, — et il n’y aura pas un de ces jours qui ne soit couronné d’un grand acte. — Je voudrais n’en pas savoir davantage. Mais il faudra qu’elle meure ; — il faudra que les saints la possèdent. Restée vierge, — elle passera comme un lis immaculé — sur la terre, et tout l’univers la pleurera.

le roi henry.

Ô lord archevêque, — tu viens de faire ma fortune : avant — d’avoir cette heureuse enfant, je ne possédais rien. — Cet oracle propice m’a tellement charmé — que, quand je serai au ciel, je désirerai — voir ce que fait cette enfant, et je bénirai mon Créateur. — Je vous remercie tous. À vous, mon bon lord-maire, — et à vos bons collègues, je suis fort obligé ; — votre présence me fait