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NOTES.

et précepteur du jeune comte de Rutland, deuxième fils du susdit duc d’York, à peine âgé de douze ans, bel adolescent à la mine virginale, — voyant que la fuite était la meilleure sauvegarde et pour l’élève et pour le maître, — emmena secrètement le comte du champ de bataille, à travers la bande de Clifford, jusqu’à la ville ; mais avant qu’il eût pu entrer dans une maison, le comte fut épié, suivi et pris par lord Clifford qui, en raison de son costume, lui demanda qui il était. Le jeune seigneur, épouvanté, ne put dire mot, mais s’agenouilla, implorant merci et demandant grâce en élevant les mains et en prenant un air de détresse, car la crainte lui avait ôté la parole. « Sauvez-le, dit le chapelain, car il est fils de prince, et peut un jour vous faire du bien. » Sur ce, le lord Clifford le reconnut et lui dit : « Sang-Dieu ! ton père a tué le mien, et aussi je veux te tuer, toi et toute ta race. » Ce disant, il frappa le comte au cœur de son poignard, et somma le chapelain de rapporter au frère et à la mère du comte les paroles qu’il avait dites… Dans cet acte, lord Clifford fut tenu pour un tyran et non pour un gentilhomme… Non content d’avoir tué un enfant, le cruel vampire vint au lieu où était le cadavre du duc d’York, fit couper la tête du mort, et, après l’avoir mise au bout d’une pique, la présenta à la reine Marguerite, lui disant : « Madame, la guerre est terminée ; voici la rançon de votre roi. » Après cette victoire, la reine envoya à Pomfret le comte de Salisbury et les autres prisonniers ; là, elle les fit tous décapiter, puis envoya toutes les têtes, y compris celle du duc, à York, pour qu’elles fussent accrochées sur des piques aux portes de la ville. » — Hall.

(36) « D’aucuns écrivent que le duc d’York fut pris vivant, et, en dérision, forcé de se tenir sur un tertre ; et que sur sa tête on posa, en guise de couronne, une guirlande faite de roseau et de jonc ; et qu’après l’avoir couronné, ses ennemis s’agenouillèrent devant lui comme les Juifs devant le Christ, par moquerie, en lui disant : « Salut, roi sans gouvernement ! salut, roi sans héritage ! salut, duc et prince sans peuple et sans possession ! » Enfin, après l’avoir accablé de ces sarcasmes, ils lui coupèrent la tête et la présentèrent à la reine. » — Holinshed.

(37) « Dans une belle plaine, près de la croix de Mortimer, le matin de la Chandeleur, le soleil, dit-on, apparut au comte de March comme trois soleils qui, soudain, se fondirent en un seul ; à cette vue, il fut saisi d’un tel courage qu’il s’élança violemment