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SCÈNE V.

vu une femme ainsi affolée d’un homme ; sûrement, je crois que vous avez des charmes, la, en vérité.

falstaff.

Non, je t’assure ; sauf l’attrait de mes avantages personnels, je n’ai aucun charme.

mistress quickly.

Votre cœur en soit béni !

falstaff.

Mais, dis-moi une chose, je te prie : la femme de Gué et la femme de Page se sont-elles fait part de leur amour pour moi ?

mistress quickly.

Ce serait plaisant, ma foi ! Elles ont plus de savoir-vivre que ça, j’espère… Ce serait un joli tour, ma foi !… Ah ! mistress Page vous conjure, de par tous les amours, de lui envoyer votre petit page ; son mari a pour le petit page une merveilleuse infection ; et, vraiment, maître Page est un honnête homme. Il n’y a pas une femme mariée à Windsor qui ait une vie plus heureuse qu’elle : elle fait ce qu’elle veut, dit ce qu’elle veut, reçoit tout, paie tout, va au lit quand il lui plaît, se lève quand il lui plaît ; tout va comme elle l’entend, et vraiment elle le mérite : car s’il y a une aimable femme à Windsor, c’est celle-là. Il faut que vous lui envoyiez votre petit page ; il n’y a pas de remède.

falstaff.

Eh bien, je le ferai.

mistress quickly.

Oui, mais faites-le donc ; et prenez vos dispositions pour qu’il soit un intermédiaire entre vous deux ; et, à tout événement, ayez un mot d’ordre, pour pouvoir vous communiquer réciproquement vos intentions, sans que le page ait besoin d’y rien comprendre ; car il n’est pas bon que les enfants connaissent la malice ; les personnes d’un