de quiproquo voulus ou involontaires. On dirait une vaste mascarade où tous les personnages se travestissent et s’intriguent successivement, où chacun joue son voisin pour être à son tour joué par lui, et où la destinée elle-même se déguise pour mystifier l’homme.
Les Joyeuses Épouses de Windsor, la Comédie des erreurs, Ce que vous voudrez, nous offrent une série non interrompue de mystifications qui, dans chacune de ces pièces, résultent d’une combinaison différente. Dans les Joyeuses Épouses de Windsor, la volonté humaine fait tout ; pas un incident qui n’émane d’une initiative individuelle ; pas un épisode qui ne soit prémédité. Les quatre intrigues qui s’entre-croisent sont toutes préparées et menées par les personnages : l’hôte de la Jarretière mystifie le docteur Caïus et le curé Evans ; en revanche le docteur et le curé mystifient l’aubergiste ; Falstaff et Gué (Ford) sont mystifiés par mistress Gué et par mistress Page ; par contre mistress Page, Page, Slender, Caïus, Evans, Shallow, sont mystifiés par les deux amoureux, Anne Page et Fenton, qui s’épousent à la stupéfaction générale. Autant de mystifications, autant de complots.
La Comédie des erreurs nous présente le spectacle exactement contraire. Ici rien n’est voulu, rien n’est préparé, rien n’est réfléchi. Tous les personnages sans exception sont mystifiés, par qui ? Par deux agents extérieurs à l’homme, la nature et le hasard. La nature a créé deux paires de frères jumeaux et parfaitement semblables ; le hasard divise et dépareille ces couples, puis, après un long intervalle, les rapproche inopinément dans la même ville. De ce rapprochement fortuit, qui fait alternativement confondre par chacun les deux Antipholus et les deux Dromions, naissent les malentendus les plus divertissants. Autant de mystifications, autant de méprises.