Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
LES JOYEUSES ÉPOUSES DE WINDSOR.

maître Fenton… Eh ! mais je suis chargée par mes deux maîtresses d’une autre commission pour sir John Falstaff. Quelle bête je suis de flâner ainsi !

Elle sort.

SCÈNE XI.
[L’auberge de la Jarretière.]
Entrent Falstaff et Bardolphe.
falstaff.

Bardolphe ! allons donc !

bardolphe.

Voilà, monsieur !

falstaff.

Va me chercher une pinte de vin d’Espagne ; mets-y une rôtie.

Sort Bardolphe.

Ai-je donc vécu pour être emporté dans un panier, comme le rebut d’une boucherie, et jeté à la Tamise ? Ah ! si jamais je me laisse jouer encore pareil tour, je veux qu’on m’enlève la cervelle pour l’assaisonner au beurre, et qu’on la donne à un chien pour ses étrennes. Les marauds m’ont versé dans la rivière avec aussi peu de remords que s’ils avaient noyé les quinze aveugles petits d’une chienne ! et vous pouvez voir par ma corpulence que j’ai une certaine propension à enfoncer ; quand le fond eût atteint jusqu’à l’enfer, j’y serais dégringolé. J’aurais été noyé si la rivière n’avait été basse et pleine d’écueils… Une mort que j’abhorre, car l’eau enfle un homme ; et quelle figure j’aurai faite, ainsi enflé ! J’aurais été une momie-montagne