biens confisqués au profit du duc, — à moins qu’il ne fournisse mille marcs — de rançon pour racheter la pénalité. — Ton avoir, évalué au plus haut, — ne monte pas à cent marcs. — Conséquemment, tu es de par la loi condamné à mourir.
— J’ai du moins cette consolation que, votre arrêt une fois prononcé, — mes maux se seront évanouis avec le soleil couchant.
— Allons, Syracusain, dis-nous brièvement — pourquoi tu as quitté ton pays natal, — et pour quelle cause tu es venu à Éphèse.
— On ne pouvait m’imposer une tâche plus pénible — que celle de dire mes indicibles malheurs. — Cependant, pour que le monde sache bien que je meurs — pour le seul crime d’avoir obéi à la nature, — je dirai ce que ma douleur me permettra de dire. — Je naquis à Syracuse, et j’épousai — une femme qui eût fait mon bonheur, — comme moi le sien, sans notre mauvaise étoile. — Je vivais avec elle en joie ; notre fortune croissait, — grâce à d’heureux voyages que je faisais fréquemment, — à Épidamnum, quand mon facteur mourut. — La nécessité de veiller sur mes biens restés à l’abandon — m’arracha aux doux embrassements de mon épouse. — J’étais absent depuis six mois à peine, — quand elle-même, presque défaillante — sous la délicieuse peine infligée aux femmes, fit ses préparatifs pour me rejoindre, — et bientôt arriva saine et sauve où j’étais. — Peu de temps après, elle devint — l’heureuse mère de deux beaux garçons, — se ressemblant à tel point, chose étrange, — qu’ils ne pouvaient être distingués que par leur nom. — À la même heure et dans la même hôtellerie, — une