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SCÈNE IV.

antipholus de syracuse.

Nu peut-on pas les recouvrer par quelque expédient ?

dromion de syracuse.

Oui, en faisant emplette d’une perruque, et en recouvrant les cheveux perdus d’un autre.

antipholus de syracuse.

Pourquoi le Temps est-il aussi avare envers nous de l’excrément capillaire, si commun d’ailleurs ?

dromion de syracuse.

Parce que c’est une bénédiction qu’il prodigue aux bêtes ; quant aux hommes, ce qu’il leur retire en poil, il le leur rend en esprit.

antipholus de syracuse.

Mais il y a bien des hommes qui ont encore plus de cheveux que d’esprit.

dromion de syracuse.

Il n’est pas un d’eux qui n’ait encore l’esprit de perdre ses cheveux.

antipholus de syracuse.

Eh ! tu affirmais tout à l’heure que les hommes les plus chevelus étaient des gens simples et sans esprit.

dromion de syracuse.

Plus l’homme est simple, plus il est sujet à perdre ses cheveux ; et encore il les perd en grande gaité.

antipholus de syracuse.

Pour quelle raison ?

dromion de syracuse.

Pour deux raisons valides.

antipholus de syracuse.

Ne dis pas valides, je te prie.

dromion de syracuse.

Eh bien, pour deux raisons sûres.

antipholus de syracuse.

Ne dis pas sûres, quand il s’agit de telles erreurs !