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SCÈNE IX.

pholus ! — Je vois, monsieur, que vous avez enfin trouvé l’orfèvre. — Est-ce là la chaîne que vous m’avez promise aujourd’hui ?

antipholus de syracuse.

Arrière, Satan ! je te défends de me tenter.

dromion de syracuse.

Maître, est-ce là madame Satan ?

antipholus de syracuse.

C’est le diable.

dromion de syracuse.

Non, c’est pis que cela ; c’est la femelle du diable ; elle vient ici sous la forme d’une fille légère ; aussi, quand une fille dit : Dieu me damne ! c’est comme si elle disait : Dieu fasse de moi une fille légère ! Il est écrit qu’elles apparaissent aux hommes comme des êtres flambants : la flamme procède du feu, et le feu brûle ! Donc les filles légères doivent brûler. Ne l’approchez pas.

la courtisane.

— Votre valet et vous vous êtes d’une merveilleuse gaîté, monsieur. — Voulez-vous venir avez moi ? Nous trouverons ici de quoi avoir un souper parfait. —

dromion de syracuse.

Maître, si vous y allez, comptez sur une collation à la cuiller, et munissez-vous d’une longue cuiller.

antipholus de syracuse.

Pourquoi, Dromion ?

dromion de syracuse.

Eh bien, parce qu’il faut avoir une longue cuiller pour manger avec le diable.

antipholus de syracuse.

— Arrière donc, démon ! que me parles-tu de souper ? — Tu es, comme toutes tes pareilles, une sorcière : — je te conjure, laisse-moi et va-t’en.