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LA COMÉDIE DES ERREURS.

time ? — Péché fort commun chez les jeunes gens, — qui donnent à leurs yeux toute liberté de regarder. — Lequel de ces malheurs a-t-il subi ?

adriana.

— Aucun, si ce n’est peut-être le dernier : — quelque amourette qui souvent l’éloignait de chez lui.

l’abbesse.

— Vous auriez dû lui faire des remontrances à ce sujet.

adriana.

— Eh ! je lui en ai fait.

l’abbesse.

Oui, mais pas assez vives.

adriana.

— Aussi vives que ma modération le permettait.

l’abbesse.

— En particulier sans doute.

adriana.

Et devant le monde aussi.

l’abbesse.

Oui, mais pas assez souvent.

adriana.

— C’était le thème de tous nos entretiens ; — au lit, j’insistais tant qu’il ne dormait pas ; — à table, j’insistais tant qu’il ne mangeait pas. — Dans le tête-à-tête, c’était le sujet de toutes mes paroles ; — en compagnie, j’y faisais souvent allusion ; toujours je lui disais que c’était vilain, que c’était mal.

l’abbesse.

— Et de là vient que l’homme est devenu fou. — Les venimeuses clameurs d’une femme jalouse — sont un poison plus mortel que la morsure d’un chien enragé. — Il est clair que tes injures ont empêché son sommeil ; — et de là vient que sa tête est en délire. — Tu dis que ses repas étaient assaisonnés de tes reproches ; — des repas troublés