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SCÈNE XI.

baie, contrairement aux lois et aux statuts de cette ville.

angelo.

— Regardez, les voici qui viennent ; nous assisterons à sa mort.

luciana.

— Jetez-vous aux pieds du duc, avant qu’il ait passé l’abbaye.

Entrent le Duc, avec sa suite, Égéon, la tête nue, le Bourreau et d’autres officiers publics.
le duc.

— Qu’il soit de nouveau proclamé publiquement — que si quelque ami veut payer la somme pour lui, — cet homme ne mourra pas, tant nous lui portons d’intérêt.

adriana.

— Justice, très-sacré duc, justice contre l’abbesse !

le duc.

— C’est une vertueuse et vénérable dame : — il est impossible qu’elle t’ait fait tort.

adriana.

— Que Votre Grâce daigne m’entendre. Antipholus, mon mari, — que j’ai fait seigneur de ma personne et de ma fortune, — à votre pressante recommandation, a, dans ce jour néfaste, — été pris du plus violent accès de folie ; — accompagné de son esclave, tout aussi fou que lui, — il s’est élancé comme un forcené dans la rue, — molestant les citoyens, — se ruant dans leurs maisons, enlevant — bagues, joyaux, tout ce qui plaisait à sa frénésie. — Un moment j’ai pu le faire attacher et conduire à la maison, — pendant que j’allais, moi, réparer le mal — que çà et là avait fait sa furie. — Tout à coup, je ne sais par quelle violente effraction — il a échappé à ceux qui le gardaient, ainsi que son valet, frénétique comme lui ; — et tous deux, dans le délire de la colère, l’épée nue, — nous ont rencon-