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SCÈNE XI.

crie après vous, et il jure, s’il vous attrape, de vous griller le visage et de vous défigurer.

On entend des cris.

— Écoutez, écoutez, je l’entends, madame ; fuyez, partez vite.

le duc.

— Allons, reste près de moi, ne crains rien… Protégez-la de vos hallebardes.

adriana.

— Miséricorde, c’est mon mari ! Soyez témoins — qu’il circule partout invisible. — Tout à l’heure il est entré ici, devant nous, à l’abbaye, — et maintenant il est là : cela passe la raison humaine.

Entrent Antipholus d’Éphèse et Dromion d’Éphése.
antipholus d’éphèse.

— Justice, très-gracieux duc ! Oh ! accorde-moi justice ! — Au nom des services que je t’ai rendus jadis, — quand je t’ai couvert de mon corps à la guerre et que j’ai reçu — de profondes blessures pour sauver ta vie ; au nom du sang — que j’ai alors perdu pour toi, fais-moi maintenant justice.

égéon.

— À moins que la crainte de la mort ne me fasse délirer, — c’est mon fils Antipholus et Dromion que je vois.

antipholus d’éphèse.

— Justice, bien-aimé prince, justice contre cette femme — que vous m’avez donnée pour épouse, — et qui m’a outragé, déshonoré — par le plus fort et le plus violent affront ! — Oui, elle dépasse l’imagination, l’injure — qu’aujourd’hui même cette impudente a déversée sur moi.

le duc.

— Dis-moi comment, et tu obtiendras de moi justice.