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LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

malvolio.

J’obéis, madame.

Il sort.
olivia.

— Je ne sais plus ce que je fais ; et je crains de m’apercevoir — que mes yeux ont trop fasciné mon imagination. — Destinée, montre ta force ; nous ne nous possédons pas nous-mêmes ; — ce qui est décrété doit être ; en bien, soit.

Elle sort.

SCÈNE VI.
[Une habitation au bord de la mer.]
Entrent Antonio et Sébastien.
antonio.

Vous ne voulez pas rester plus longtemps ? Et vous ne voulez pas que j’aille avec vous ?

sébastien.

Non, je vous en prie ; mon étoile jette sur moi une lueur sombre. La malignité de ma destinée pourrait peut-être attaquer la vôtre. Je vous conjure donc de me laisser seul porter mes malheurs : ce serait mal récompenser votre amitié que de les faire peser sur vous en partie.

antonio.

Laissez-moi du moins savoir où vous vous rendez.

sébastien.

Non, ma foi ; mon itinéraire est la pure extravagance. Mais je remarque en vous ce tact exquis de la délicatesse ; vous ne voulez pas m’arracher ce que je veux garder pour moi ; et je n’en suis que plus impérieusement entraîné à m’ouvrira vous. Sachez donc, Antonio, que je m’appelle Sébastien, bien que je prenne le nom de Roderigo. Mon père était ce Sébastien de Messaline dont vous avez, je