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SCÈNE IX.

Dans la scène de la mort nul si vraiment
Ne joua son rôle.
Que pas une fleur, pas une fleur embaumée
Ne soit semée sur mon noir cercueil.
Que pas un ami, pas un ami ne salue
Mon pauvre corps, là où seront jetés mes os.
Pour m’épargner mille et mille sanglots,
Oh ! mettez-moi quelque part
Où un triste amant ne puisse trouver ma tombe
Pour y pleurer !

le duc

Voilà pour ta peine.

feste.

Aucune peine, monsieur ; je prends plaisir à chanter, monsieur.

le duc.

Eh bien, je te paie ton plaisir.

feste.

Au fait, monsieur, le plaisir doit se payer tôt ou tard.

le duc.

Sur ce, laisse-moi te laisser.

feste.

Sur ce, que le dieu de la mélancolie te protège, et que le tailleur te fasse ton pourpoint de taffetas changeant, car ton âme est une véritable opale… Je voudrais voir les hommes d’une pareille constance s’embarquer sur la mer, ayant affaire partout, et n’ayant de but nulle part ; ce serait là le vrai moyen de faire un bon voyage… pour rien !… Adieu.

Il sort.
le duc.

— Retirez-vous, vous autres.

Sortent Curio et la suite.
À Viola.

Encore une fois, Césario, — retourne auprès de cette