Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
346
LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

quelque obstruction dans le sang, ces jarretières croisées. Mais qu’importe ! si elles plaisent au regard d’une personne, je puis dire juste comme le sonnet :

Plaire à une, c’est plaire à toutes.
olivia.

Ah çà, comment vas-tu, l’ami ? Qu’as-tu donc ?

malvolio, souriant.

Il n’y a pas de noir dans mon âme, quoiqu’il y ait du jaune à mes jambes… C’est arrivé à son adresse, et les commandements seront exécutés. Je crois que nous avons reconnu la belle main romaine.

olivia.

Veux-tu aller au lit, Malvolio ?

malvolio, souriant.

Au lit ? Oui, cher amour ; et je veux venir à toi !

olivia.

Que Dieu t’assiste ! Pourquoi souris-tu ainsi, et envoies-tu de la main tant de baisers ?

maria.

Comment allez-vous, Malvolio ?

malvolio, dédaigneusement.

Vous répondre ! oui, comme les rossignols répondent aux corneilles.

maria.

Pourquoi paraissez-vous devant madame avec cette ridicule impertinence ?

malvolio.

Ne t’effraie pas des grandeurs. C’était bien écrit.

olivia.

Que veux-tu dire par là, Malvolio ?

malvolio.

IL en est qui naissent grands…

olivia.

Hein ?