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LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

sir tobie.

Non, monsieur ; son indignation dérive d’une injure très-formelle ; ainsi marchez, et faites-lui satisfaction. Vous ne retournerez pas à la maison, sans du moins tenter avec moi l’épreuve que vous pourriez tout aussi sûrement affronter avec lui. Ainsi, marchez, ou mettez à nu votre épée ; car il faut, de toute manière, que vous vous battiez, ou que vous renonciez à porter une lame au côté.

viola.

Ceci est aussi incivil qu’étrange. Je vous en prie, rendez-moi le courtois service de demander au chevalier quelle est mon offense envers lui ; ce ne peut être de ma part qu’un acte d’inadvertance, nullement de ma volonté.

sir tobie.

Je le veux bien, Signor Fabien, restez près de ce gentilhomme jusqu’à mon retour.

Sort sir Tobie.
viola.

Dites-moi, monsieur, avez-vous connaissance de cette affaire ?

fabien.

Je sais que le chevalier est furieux à mort contre vous ; mais rien de plus.

viola.

Quelle espèce d’homme est-ce, je vous prie ?

fabien.

À le juger par sa mine, vous ne devineriez pas en lui le prodigieux personnage que vous reconnaîtrez sans doute à l’épreuve de sa valeur. C’est vraiment, monsieur, le plus adroit, le plus sanglant, le plus fatal adversaire que vous puissiez trouver dans toute l’Illyrie. Voulez-vous venir à sa rencontre ? Je ferai votre paix avec lui, si je peux.