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LES JOYEUSES ÉPOUSES DE WINDSOR, ETC.

anne.

Je ne saurais vous dire, maître Slender, je crois que oui.

slender.

Hein, qu’en dites-vous ? Je suis sûr que vous avez peur d’un ours quand il est lâché, n’est-ce pas ?

anne.

Oui, ma foi !

slender.

Eh bien, pour moi, c’est boire et manger. Moi, je cours sus à un ours, et je le prends par le museau ; vous n’avez rien vu de pareil. Mais en vérité je ne puis vous blâmer, car ce sont des bêtes prodigieusement mal léchées.

anne.

Voulez-vous venir dîner, maître Slender ? Le repas vous attend.

slender.

Non, ma foi, non. Je vous remercie. Je ne puis supporter l’odeur d’un plat chaud depuis que j’ai été blessé au tibia. Je vais vous dire comment la chose est arrivée sur ma parole. Un maître d’escrime et moi nous avons tiré trois bottes pour un plat de pruneaux cuits, et, tandis qu’avec ma garde je couvrais ma tête, il m’a blessé au tibia. Oui, ma foi.

Entre maître Page.
page.

Venez, venez, maître Slender, le dîner vous attend.

slender.

Je ne puis pas manger ; je vous remercie.

page.

Vous n’aurez pas le dernier mot, je vous le dis.

slender.

Je vous suis, monsieur ; veuillez passer devant… Non, bonne mistress Anne, vous passerez la première ; j’ai plus de civilité que ça, j’espère.

anne.

Eh bien ! Monsieur, je ne veux pas être importune.

Ils sortent.
Paraissent sir Hugh, Evans et Simple, venant du dîner.
sir hugh.

Écoutez, Simple, veuillez porter cette lettre à la maison du docteur Caïus, le docteur Français. Il demeure au haut de la rue ; demandez chez lui une mistress Quickly, sa femme de ménage, son infirmière, et remettez-lui cette lettre ; c’est au sujet de maître Slender. Tenez, voulez-vous faire ça tout de suite ?

simple.

Je vous le promets, monsieur.